Le jeudi 21 mars après-midi, plus de 80 élèves et adultes ont pu assister à un exposé de Fabrice Delsahut, historien du sport et Maître de conférences en histoire à l’INSPE de Paris-Sorbonne, qui a participé à la conception de l’exposition « Histoire, Sport et Citoyenneté » offerte par la Casden et affichée en Salle des Fêtes.
Il a présenté une histoire des Jeux modernes, qui ne sont pas qu’une compétition sportive ou un spectacle, mais aussi le reflet des particularités des pays organisateurs et du contexte politique ou social, depuis l’initiative de Pierre de Coubertin en 1896 jusqu’aux Jeux à venir.
Résumé de l’intervention :
Le conférencier a expliqué le rôle du Comité International Olympique dans la sélection des sports au programme. (Point d’étymologie : au Moyen-Âge, le terme français « se desporter » (s’ébattre, s’amuser, s’exercer à un jeu physique) passe en anglais et revient en français sous la forme actuelle.)
Au fil du temps, des disciplines ont quitté les Jeux (tir au pigeon, planche à voile, par exemple) et d’autres y sont entrées comme le breakdance ou le kite-surf. En 2028, le Flag sera introduit.
Lors des premières éditions des Jeux olympiques, jusqu’aux années 1920, le public assistant aux compétitions était restreint car le sport codifié était largement méconnu du grand public et tout-récent (création de nombreuses fédérations sportives avec des règles modernes à la fin du XIXe siècle.) A partir des années 1920, la médiatisation, la culture de masse, une certaine démocratisation de la pratique sportive,en ont amplifié l’audience.
Les sports reconnus comme disciplines olympiques dépendent aussi de la culture des pays organisateurs. Les règles et les résultats évoluent en fonction des évolutions technologiques (ex : combinaisons de natations autorisées…puis interdites par souci d’équité), des techniques sportives (saut en hauteur de Fosbury, nage crawl), de la science (dopage organisé, avec des sanctions à partir de 1970, ou connaissances physiologiques, entraînements conçus en fonction des résultats des dernières recherches scientifiques).
Jusqu’en 1992, les sportifs olympiques devaient être des amateurs, ne devant pas retirer de gains financiers de leur pratique, puis cette règle, peu équitable, a été abolie, ce qui a amplifié l’intérêt pour les compétitions accueillant des stars du sport professionnel.
Des Jeux de plus en plus ouverts à toutes les différences et inclusifs :
Pendant des décennies, le sport olympique a été organisé à destination des hommes et avec des hommes comme seuls participants. Les femmes n’ont été intégrées que progressivement (en s’éloignant de l’idée que le sport abîmerait davantage le corps de femmes que celui des hommes) : 6 femmes sur 651 athlètes en 1904 à Saint-Louis, 20% à Moscou en 1980, 45% à Rio en 2016 et 50% d’inscrites à Paris 2024. Des sports comme le marathon, le rugby, la boxe, sont restés longtemps exclusivement masculins.
En 1896, seuls des « caucasiens » ont participé aux Jeux.
Puis, des individus alors classés comme « noirs » ou « rouges », selon les représentations de l’époque coloniale, ont été intégrés aux compétitions, parfois à des « jeux anthropologiques », avec chez certains l’arrière-pensée de hiérarchiser les populations, de « démontrer » par des résultats sportifs la « supériorité » de telle « race » (selon le vocabulaire utilisé au début du XXe siècle) ou de tel peuple, et de justifier la colonisation. Cependant, des peuples colonisés ou minorités défavorisées se sont par la suite appropriés des sports des puissances coloniales et ont pu rivaliser dans ces disciplines (ex : le cricket en Asie du Sud).
Au-delà d’une lecture « raciale », les Jeux sont très rapidement devenus un moyen de chercher à démontrer la supériorité d’un Etat, d’une nation, ou son degré de développement. Dans cette perspective, les Etats soucieux de briller ont pris l’habitude d’octroyer la nationalité à des sportifs d’autres pays afin de servir leur prestige géopolitique (par exemple, le nageur Johnny Weissmuller, Hongrois naturalisé américain, champion imbattable des années 1920, qui a ensuite joué le rôle de Tarzan dans les années 1930).
Les personnes handicapées ont longtemps concouru sans faire l’objet d’une catégorie particulière, puis des compétitions réservées aux personnes porteuses de handicaps se sont multipliées à partir des années 1960, rendant leur pratique plus visible.
Plus récemment, depuis les années 2000, la tolérance envers l’homosexualité s’étant améliorée, des sportifs de plus en plus nombreux ont fait leur coming-out.
Depuis quelques années, le CIO laisse par ailleurs aux différentes fédérations le soin de définir les conditions d’intégration ou non des athlètes transgenres, discipline par discipline, afin de garantir l’équité entre personnes concourant dans une même compétition.
Les Jeux olympiques ont aussi une dimension (géo)politique (boycotts, bannissements…), économique (travaux, besoin de rentabilité…), environnementale (à Sydney, après les Jeux de 2000, toutes les installations ont été réutilisées ou recyclées) et sont le reflet des évolutions des mentalités.
Pour en savoir plus, n’hésitez pas à visiter l’exposition en salle des fêtes !