9 novembre 2023 : soirée concert à la Maison de Radio France pour les étudiant.e.s d’hypokhâgne et de khâgne

Dvořák, Concerto pour violoncelle

Maison de la Radio et de la Musique

Jeudi 9 novembre 2023

 

Le regard d’une hypokhâgneuse sur ce concert symphonique ….

 

En cette soirée du jeudi 9 novembre 2023, les hypokhâgnes et les khâgnes de Jeanne d’Albret sont de sortie. C’est accueilli par la dame de fer toute illuminée que nous nous dirigeons vers la Maison de la Radio pour assister à un concert.

Nous avons ainsi pu entendre en première partie le Concerto pour violoncelle en si mineur, opus 104, composé par Antonin Dvorak. Il a été interprété par Bruno Philippe, violoncelliste reconnu pour son talent par de nombreux prix, qui nous a fait l’offrande d’une performance entraînante et chargée de sentiments. Il nous a transmis avec une vigueur sincère les émotions dont parle Hélène Cao dans la brochure du spectacle : « sa musique empreinte de mélancolie et de nostalgie. » L’Orchestre National de France qui l’accompagnait, dirigé par Nicholas Collon, a renforcé notre fascination. Les cordes, les cuivres, les bois et les percussions, couplés à ce violoncelle, ont joué d’une manière à ce qu’aucun d’entre nous ne puisse détacher ses yeux des musiciens.

Ensuite, un entracte nous a permis d’échanger avec nos professeurs dans une bonne humeur collective.

Interprétée par l’Orchestre National de France, seul cette fois ci, l’œuvre de Witold Lutoslawski nous a coupé le souffle. D’une grande force, son Concerto pour orchestre a mêlé la douceur de la flûte, du hautbois, du violon et même de la harpe à certain passages plus poignants interprétés notamment par les vents, les trompettes et les trombones.

Le concert terminé, une photo commémorative a été faite de tout le groupe et nous sommes rentrés, accompagnés, comme à l’allée, par les faisceaux de la tour Eiffel.

Cette sortie nous aura permis d’avoir une vision de l’art et de la culture autre que celle que nous avons d’habitude et a enrichi notre sensibilité.

Nous remercions donc chaleureusement notre professeur de philosophie, M. Guimbail, pour avoir organisé cette soirée qui fut exceptionnelle pour chacun de nous.

Coline Moreau, étudiante en hypokhâgne

… et le regard lyrique d’une khâgneuse !

Qu’être si ce n’est un instrument ?

Fait de bois, de cuivre ou de cordes, je ne demande qu’à être le vecteur de sa passion, de sa torture et de ses mots sous forme de notes. Pourvu qu’on me transforme cette nuit, lorsque les violons et les contrebasses chanteront en chœur. Je ne veux qu’être cet instrument entre ses mains, dire sans parler et parler sans dire. Où chacun comprend les maux de ma poésie, que je n’ai ni besoin de parler en alexandrins ni de faire de belles rimes, où le simple son de mes cordes serait puissant, évoquant un sentiment. Je veux être un souffle éphémère d’une passion éternelle.

Telle une complainte silencieuse, je résonne à travers l’âme, je fais vibrer les cœurs et évoque les souvenirs les plus intenses. L’instrument forgé d’infini, de métaux célestes et de fibres d’étoiles, un témoin silencieux des tourments les plus profonds. C’est une déclaration d’amour.

Qu’être si ce n’est un sentiment ? Moi, qui suis faite de chair et de sang. Je veux être la musique, que j’émeuve la plus simple des poussières de la salle, que je provoque les plus petits, pourtant si douloureux, frissons d’émerveillement. Être la passerelle entre les êtres. Une dissonance mélodieuse dans l’absurdité de l’existence.

Mon cœur palpite face à ce tableau, à ces instruments qui sont des énigmes abyssales, sombres, profondes, douloureuses une fois percées de leur mystère. Ils réclament une âme qui les fera chanter, et ce soir, leur muse est sur le point de résonner en harmonie avec leur obscurité. Son âme. La sienne. Je la vois si distinctement. Celle pour laquelle je dédie ce poème, je dédie ma plume et mes cordes. Pourvu qu’il me transforme en son instrument, que ma chair vibre sous la douleur de ses accords déchirants et de ses octaves torturés. Que mes maux puissent écrire les siens, que nos souffrances se mêlent dans un ballet de larmes et de cris inexprimés. Trempe ta plume dans mes larmes, que chaque goutte raconte ta souffrance, que nos douleurs se fondent en une symphonie de tourments inextinguibles. Je suis le réceptacle de tes émotions, le canal de ta douleur. Chacune de mes cordes, un fragment de ton âme, chaque note que j’émette, un cri de ton être.

Et dans cette symphonie d’âmes en peine, nous devenons l’expression ultime de l’agonie humaine, une toile tissée de souffrance et de mélancolie. Je suis le miroir de ta passion. Pourvu que chacune des étoiles nous écoute, que les météores de l’aurore s’arrêtent. Pleureront-elles des larmes d’argent sur cette symphonie ? Qu’être si ce n’est un instrument ? Moi qui suis faite de plume et d’encre.

Julie Natanek, étudiante en khâgne