Mars 2025 : les étudiants d’hypokhâgne et de khâgne à la Maison de Radio France pour une soirée symphonique

Une soirée symphonique entre émotions et virtuosité à Radio France

 

Le jeudi 20 mars 2025, la Maison de Radio France a offert aux mélomanes littéraires de Jeanne d’Albret une soirée musicale exceptionnelle où l’Orchestre National de France, sous la direction de Marie Jacquot, a fait vivre quatre œuvres magistrales du XXe siècle.

La salle, baignée de lumière tamisée, vibrait d’une attente palpable. L’Orchestre National de France, institution musicale séculaire fondée en 1934, occupe une place de choix dans le paysage symphonique français. Ses musiciens, véritables ambassadeurs d’un art vivant et exigeant, sont porteurs d’une tradition d’excellence qui se transmet de génération en génération.

Ce soir-là, Marie Jacquot était aux commandes. Jeune cheffe d’orchestre française dont le talent rayonne bien au-delà des frontières, elle a démontré une maîtrise remarquable. Ses gestes précis, sa sensibilité musicale et sa capacité à faire dialoguer chaque pupitre ont révélé toute la richesse des partitions de Barraine, Maurin, Walton et Stravinsky.

Le concert s’est ouvert sur un morceau enchanteur, Les Tziganes d’Elsa Barraine. Une atmosphère féerique s’est installée dans la salle. Dans l’orchestre, les archets s’élevaient avec harmonie et grâce, les cuivres faisaient résonner leurs notes avec force et les percussions ainsi que les deux harpes et les bois faisaient s’épanouir le morceau dans l’air.

Le morceau Superphoniques de Frédéric Maurin, composé pour la soirée, en aura désarçonné plus d’un. L’orchestre a joué d’une manière qui n’a laissé personne de marbre. Dans les classes de Khâgne et d’Hypokhâgne, chacun avait son propre avis. La force de chacune des notes visant à reproduire les sons que l’être humain entend à chaque instant a touché de manière presque violente chacun des spectateurs. Les avis étaient très partagés lorsque les discussions ont fusé durant l’entracte. Cependant, c’est une découverte de plus que nous pouvons ajouter à notre répertoire.

Le concert s’est continué avec le Concerto pour alto de William Walton, œuvre complexe et profondément émotionnelle. Composé en 1929, ce concerto est un dialogue subtil entre le soliste et l’orchestre, où l’alto raconte une histoire de mélancolie, de tension et de résilience. Les trois mouvements – Andante commodo, Vivo e molto preciso et Allegro moderato – ont permis d’explorer toute la palette des émotions humaines, des moments les plus introspectifs aux élans les plus fougueux.

Puis vint Petrouchka d’Igor Stravinsky, ballet révolutionnaire qui a bouleversé les codes musicaux de son époque. Composée en 1911 pour les Ballets Russes de Diaghilev, cette partition raconte l’histoire d’une marionnette prenant vie, tiraillée entre désir, souffrance et révolte. L’orchestre a superbement rendu les atmosphères contrastées : de la foire populaire grouillante de vie à l’intimité tourmentée de Petrouchka, des tensions dramatiques entre les personnages à l’explosion finale où la marionnette semble triompher de son destin.

La force de l’interprétation résidait dans sa capacité à faire ressentir chaque nuance, chaque émotion. Marie Jacquot et l’Orchestre National de France ont transformé ces partitions en véritables récits sonores, invitant l’auditeur à un voyage émotionnel intense et hétéroclite.

Comment ne pas être bouleversé par cette musique qui parle directement à l’âme ? Barraine et Maurin nous ont ouvert la voie vers les œuvres de Walton et de Stravinsky qui transcendent le simple fait musical pour devenir de véritables expériences existentielles. L’alto pleurait, les cuivres rugissaient, les cordes dansaient, et chaque musicien devenait le narrateur d’une histoire universelle.

La soirée s’est achevée dans un tonnerre d’applaudissements, témoignage vibrant de la reconnaissance du public envers ces artistes qui, ce soir-là, nous ont fait traverser les frontières du temps et des émotions.

Nos plus profonds remerciements à l’Orchestre National de France, à sa cheffe Marie Jacquot, aux professeurs accompagnateurs, M. Guimbail et Mme Bruyère, qui ont préparé cette sortie, au lycée qui a rendu possible cette expérience musicale, et à Radio France pour son accueil chaleureux. Cette soirée restera à jamais gravée dans nos mémoires comme un moment de grâce et de beauté pure.

Coline MOREAU, étudiante en khâgne

Julien ROGER, étudiant en hypokhâgne