J’avais déjà participé au concours de l’Observatoire des inégalités au cours de mon année d’hypokhâgne. J’en garde un bon souvenir. L’expérience était aussi enrichissante qu’épanouissante. Alors, lorsque j’ai vu le thème de cette année, je savais que je participerai de nouveau au prix. « Dépassons les préjugés ». Immédiatement, j’ai pensé à une femme gravissant une montagne. Je suis allée voir mon ami Sacha, lui ai expliqué mon idée et lui ai proposé que nous participions au concours ensemble. Il a accepté et m’a donné sa vision de l’affiche. Nous avons combiné nos idées et talents pour réaliser notre œuvre.
Sacha a maîtrisé l’art du dessin pour réaliser l’affiche physique. Nous l’avons scannée, puis j’ai retracé les traits et rajouté de la couleur à l’aide de la tablette graphique. Ensuite est venu le travail technique. Nous avons réfléchi aux façons dont nous pouvions représenter les préjugés et les inégalités. Nous avons opté pour des poids afin de montrer que les préjugés pouvaient nous tirer vers le bas. De façon à rendre le message plus explicite, nous avons inscrit des inégalités à l’intérieur les poids. Ainsi, vous pouvez voir les termes de « genre », « double standard », « inégalités salariales » et « endométriose ».
Nous avons également choisi d’écrire un slogan, en y intégrant le thème de cette année : « Dépassons les préjugés, montons vers l’égalité ! ». Nous avons décidé d’utiliser celui-ci pour que notre message soit compris par tout le monde et de façon immédiate.
Madame Justin, notre professeure de géographie qui nous a présenté le concours et madame Schneider, notre professeure d’histoire, nous ont toujours soutenus, et ont apporté une réflexion précieuse sur le contenu de notre dessin. Nous les en remercions infiniment.
A l’an prochain, peut-être, pour une nouvelle affiche !
Luna BRAQUEHAIS, étudiante en khâgne
À titre personnel, notre travail collectif m’amena à remettre en question ma façon de me représenter les préjugés. Nous avions l’intention de montrer l’invisible, ce que le quotidien n’offre pas au regard, ce qui nous divise sans le savoir. Ces expériences individuelles sont subjectives, vécues de l’intérieur, au seuil de chaque être.
Dès lors, dessiner des préjugés fut un défi en ce que les « poids invisibles » devaient apparaître physiquement. Travailler à une esquisse et passer au format numérique fut un moyen de transcender cette barrière. Le travail de cette physicalité fait le corps du dessin. Prendre l’image d’une athlète nous semblait juste du fait qu’en animant son corps, elle réalise ses ambitions. Elle se réalise elle-même.
La présence du fleuve correspond aux tourments auxquels notre personnage fait face, cette « pression sociale », ce qui la retient vers le bas. Avec cette représentation, notre crainte était qu’elle soit perçue comme manichéenne, que nous représentions une pensée déjà toute faite.
Seulement, à mesure que nous nous figurions les injonctions et adversités auxquelles notre personnage devait faire face, nous nous sommes aperçus que c’était justement ces mêmes épreuves qui lui imposaient cette binarité : devoir vaincre ou être vaincu.
Ainsi, toute la perspective du dessin tend vers le haut. Elle est la traduction des aspirations du personnage, de ses propres desseins qui ne sauraient être arrêtés, et qui répondent d’un seul mouvement à ces injonctions.
Nous sommes les spectateurs de son ascension, le plafond de verre qu’elle dépasse pierre après pierre, avec pour seule direction, le ciel.
Cessons, alors, de lui faire obstacle par les projections que nous pourrions lui opposer, et laissons-la gravir les sommets du monde.
Sacha BAUDIN–DOUKHAN, étudiant en khâgne