Notre ancien étudiant Hugo Rochard était étudiant dans notre classe de khâgne 2013-2014. Il a ensuite effectué un parcours en géographie dont la thèse est un aboutissement. Ces cinq années de doctorat ont donc forgé chez Hugo Rochard une véritable identité de chercheur et de chercheur engagé dans la recherche-action. Pour reprendre les propos de Nathalie Blanc, sa directrice de thèse, « il n’a pas mené de recherche extractiviste » mais a su « approfondir ses relations avec le monde civil et s’engager ». C’est bien là sa plus grande des qualités, attestant à la fois d’une rigueur scientifique et d’aptitudes humaines remarquables. « Sans être naïvement optimiste » (Nathan McClintock), il a réussi à démontrer le pouvoir du collectif dans la renaturation des espaces. Sa thèse portait en effet sur « Renaturation urbaine et actions citoyennes : vers une co-production de la ville écologique ? Études de cas dans le Grand Paris et à New York City » avec pour fil directeur problématisé la question suivante : quel est le rôle de l’action collective et citoyenne dans la production d’espace urbains écologiques ?
Le jeudi 14 septembre 2023, Hugo Rochard a donc soutenu sa thèse à l’Université de Paris Cité devant un jury composé de grands noms de la géographie et des sciences sociales en France et dans le monde : sa directrice de thèse, Nathalie Blanc, Directrice de recherche au Centre national de recherche scientifique (CNRS), Yves-François Le Lay, Professeur des Universités à l’ENS Lyon et premier rapporteur, Nathan McClintock, Associate Professeur à l’Institut national de recherche scientifique (INRS) au Québec et second rapporteur, Isabelle Anguelovski, professeure à l’Université de Barcelone et examinatrice de la thèse, Céline Granjou, Directrice de recherche à l’Institut national de la recherche agronomique (INRAE) et examinatrice, et Raphaël Mathevet, Directeur de recherche au CNRS et également examinateur.
De façon unanime, les membres du jury ont attesté « d’un travail très impressionnant, de qualité exceptionnelle avec un style d’écriture claire et une qualité de plume incontestable » (Nathan McClintock), « d’une lecture qui m’a bien plu et impressionné par son volume de 485 pages, 118 figures, 7 chapitres, une bibliographie remarquable et interdisciplinaire de 780 références dont plus de la moitié en publications anglophones, un fil directeur qui est suivi de bout en bout, et un manuscrit fluide et cohérent offrant une plus-value intellectuelle » et s’achevant par « une conclusion excellente en 12 pages » (Yves-François Le Lay), « d’une thèse époustouflante » (Céline Granjou qui a écrit « être très convaincue »), « d’une grande thèse » (Isabelle Anguelovski) et « d’une très belle thèse, de très belle facture » (Raphaël Mathevet).
Après délibération, le jury a décerné à Hugo Rochard le titre et le grade de Docteur en géographie et en aménagement accompagné de « grandes félicitations » (Nathan McClintock). C’était tout simplement brillant.
Hugo Rochard résume ainsi sa thèse : inscrite en géographie environnementale et urbaine, cette thèse propose d’analyser des formes émergentes d’actions collectives et citoyennes en faveur de la renaturation des milieux urbains. L’étude s’appuie sur trois cas d’initiatives locales revendiquant une action bénéfique pour la biodiversité, dans deux contextes métropolitains : celui du Grand Paris (Paris et Massy) et de New York City (Gowanus, Brooklyn). Ces actions collectives se caractérisent par leur démarche partenariale avec les pouvoirs publics municipaux et par l’implication locale des acteurs techniques, politiques ainsi que d’habitants. Plusieurs registres d’action sont observés, allant de l’action directe (plantation, aménagement d’habitats pour la faune), au plaidoyer auprès des autorités publiques, en passant par l’éducation et la transmission de nouveaux savoir-faire aux habitants. Grâce à une méthode d’enquête qualitative, nous interrogeons aussi, de façon critique, les reconfigurations et les tensions à l’œuvre en matière de gouvernance et de production des espaces urbains de nature. En croisant des données écologiques (relevés floristiques, analyse de réseau écologique) et ethnographiques (participation observante et entretiens semi-directifs), il s’agit d’étudier les impacts multi-scalaires de ces actions collectives inscrites dans différentes dynamiques territoriales. Le choix d’une mise en perspective internationale permet d’interroger la capacité des acteurs citoyens à transformer, par leurs actions, les structures sociales, politiques et organisationnelles de chaque territoire urbain. Finalement, nos résultats contribuent à enrichir le concept d’innovation socio-écologique. Ils montrent que les initiatives citoyennes étudiées peuvent participer à la co-production d’espaces publics de nature en ville, en générant de nouveaux bénéfices écologiques et en expérimentant de nouvelles alliances territoriales (entre des acteurs citoyens, techniques et politiques) et interspécifiques (entre une biodiversité et des habitants citadins).
Les anciennes et anciens professeur.e.s de Hugo sont très fièr.e.s de son travail, de sa soutenance et de son parcours de recherche. Nous le félicitons très chaleureusement et lui souhaitons le meilleur pour la suite de son parcours intellectuel et universitaire.
Catherine Justin, professeure de géographie en hypokhâgne et en khâgne