Novembre 2022, la classe d’hypokhâgne hors des sentiers battus : Le Tambour de soie, un nô moderne vu aux Amandiers

Le Tambour de soie (un Nô moderne), de Kaori Ito

Au Théâtre des Amandiers, 22 novembre 2022

 

« Muse, elle danse dans un ciel illuminé. Poisson, pivoine de mon cœur, elle ondule dans mes rêves les plus beaux. Ses bras me tentent d’amour et de larmes. Face à une fleur empoisonnée, je ne peux résister. Je suis pendu à ses lèvres qui m’insultent, à ses yeux qui m’évitent. Une fleur printanière qui vole et virevolte dans un espace infini. Elle danse et danse encore sans s’arrêter. A bout de souffle, je la regarde me narguer. De ses longues jambes et ses petites hanches qu’elles balancent. Je m’abandonne dans un corps qui n’est pas mien. Sur une scène d’où mon cœur est banni. Ne suis-je que l’esprit d’un amour non partagé ? Elle bouge et se tord comme un doux fil de soie. Je suis le météore gravitant autour d’une planète gigantesque. Vénus me guette. Je ne peux l’imiter, elle n’est pas mienne. Et aux sons d’un tambour inanimé, perds-moi dans tes bras. Je suis épris d’un oiseau migrateur. Mes larmes coulent. Perds-moi dans la danse. Valse lugubre. Cris et angoisse. Je ne suis qu’un cœur éteint face au sien pulsant de vie et de peur. Puis-je encore la toucher ? Enfin, les instruments crient, elle s’échappe. Ne veut pas de moi. Elle danse et danse, sur un sol où mes pieds ne sont pas admis. Pardonne-moi de tendre mes bras fatigués pour t’étreindre. Je ne peux oublier un amour comme le tien. Son dédain, son dégoût me jugent ; laisse-moi me cacher. Elle file comme le vent, dans une nuit sans étoile. Fleur de cerise que je prie de caresser dans le creux de mes mains abîmées. Danse, vis, échappe-toi. Avant que mon cœur n’explose pour tes bras mouvants. J’éteindrai la lumière en partant. »

Texte de Julie NATANEK, étudiante d’hypokhâgne, librement inspiré du spectacle