
La classe d’hypokhâgne donne son avis sur la mise en scène des Fausses confidences par Alain Françon
« Quand l’amour parle, il est le maître ; et il parlera », affirme Dubois à Dorante dans la scène 2 de l’acte I des Fausses Confidences. C’est bien ce que nous a fait ressentir cette pièce en trois actes de Marivaux, mise en scène le jeudi 28 novembre 2024 par Alain Françon au théâtre des Amandiers à Nanterre. Ce grand metteur en scène nous a étonnés et captivés grâce à des choix audacieux et des comédiens remarquables.
Nous avions lu puis étudié la pièce en cours, notamment à partir de la mise en scène de Luc Bondy. Cette dernière présentait une intrigue où Dorante semblait davantage intéressé par l’argent que par l’amour. Or ce jeudi, Alain Françon nous a offert une tout autre vision des Fausses Confidences mettant en avant le sentiment amoureux.
La proposition d’Alain Françon nous a donc surpris et pourtant, nous sommes plusieurs à avoir véritablement adhéré au jeu des comédiens et à la mise en scène dans sa globalité.
L’interprétation du rôle d’Araminte par Georgia Scalliet nous a d’abord perturbés par un ton un peu monocorde, comme détaché, et toujours face au public, et pourtant, le charme a opéré peu à peu. Araminte incarnait ce soir-là un véritable modèle féminin : à la fois élégante et indépendante, elle voit naître en elle un sentiment encore inconnu, et tente de gagner du temps malgré des proches toujours plus insistants pour décider à sa place. Araminte est une héroïne moderne.
Dorante quant à lui apparaît assez faible, mal à l’aise dans sa position d’inférieur. Dubois de son côté est présenté comme le grand orchestrateur des manigances, vêtu d’un costume sombre, souvent à l’arrière-scène, espionnant tout ce qui se passe. Enfin Dominique Valadié en Madame Argante est exactement telle qu’on se l’imaginait : sévère, intéressée, manipulatrice, prétendant dominer sa fille. Mais celle-ci lui résiste, faisant le choix d’aimer en-dehors de son rang, envers et contre tous. Au dénouement, franchissant sur scène le fossé qui la sépare de Dorante, Araminte fait in fine parler le vrai maître de la pièce, l’amour.
Nous remercions Madame Boudant-Desmariaux pour cette sortie au théâtre !
Manon TUSSING, étudiante en hypokhâgne